duminică, 8 aprilie 2012

Prima sovietizare: încercarea de acaparare a Principatelor române de către ruşi dintre 1827 şi 1848 descrisă de Ion Ghica (VIII)

1838

Peu de mois après le baron Ruckman allait remplacer Mr Boutenieff à Constantinople. Au mois d’avril le chargé d’affaires du Prince de Valachie, Aristarki, arrive à bord d’un bâteau à vapeur frêté exprès pour lui seul, porteur d’un firman de la Porte qui ordonne l’insertion de l’article en question, mais on attend pour lire le firman le retour du baron Ruckman, qui se fait précéder de trois jours d’une lettre dans laquelle il dit que le Ministère Impérial s’étant persuadé que les actes de l’Assemblée générale valaque n’étaient que le résultat d’un entraînement partiel, la Mission de Russie à Constantinople s’était entendu avec le Ministère de la Porte et qu’à la suite de cette entente un firman avait été publié pour reprimander d’abord l’Assemblée en général, et les premiers moteurs en particulier; que lui, Ruckman, arrivait pour parler personnellement à tous les membres de l’Assemblée dont la principale occupation sera l’inter­calation de toutes les annexes faites ultérieurement, durant le gou­vernement provisoire russe, annexes à la fin desquelles sera jointe aussi la conclusion.

À son arrivée il remercia de la part des deux Cours: Georges Philippesco, Constantin Philippesco, Stefan Balatschano et Cocoresco comme les seuls députés qui aient compris les vrais intérêts de leur pays. Il blâma et menaça les autres. Il fit un discours qu’il termina en disant qu’on avait à choisir entre la soumission volontaire et le régime des firmans et que pour sa part il était désolé que de pareilles choses se fussent passées sous son administration.

Le 15 mai le firman est lu dans l’Assemblée. L’article est inséré et signé par le président et les secrétaires avec l’observation „par l’ordre du Sultan”.

De la discussion de cet article date l’éveil donné à l’opinion en Valachie. Les hommes intelligents s’apperçoivent que la Russie est le danger et que la Turquie rien que sous la pression de la Mission russe à Constantinople. Ils tournent leur regards du côté de Constantinople et attendent que l’Empire finisse avec les difficultés élevées par l’œuvre de régénération dans laquelle elle est entrée pour rétablir dans les Principautés un état légal et juste qui puisse assurer leur bonheur et leur développement.

L’Assemblée continue ses travaux. Dans le courant de la session, elle fait plusieurs bonnes lois: l’affranchissement des esclaves du gouvernement,  elle s’occupe de la canalisation des cinq rivières principales, de la construction des routes, d’un projet de cadastre général; elle vote une loi pour l’instruction primaire, elle demande que les ministres soient responsables de toutes les sommes dépensées sans l’autorisation de l’Assemblée.

La maison de Hadji Mosco, la seule maison importante qui avait résisté, fait faillite. Les caisses publiques sont intéressées pour 2.300.000 piastres que le ministre du Culte et le spadar avaient avancés à cette maison de la caisse centrale et de la caisse de la milice pour la soutenir. Après la faillite il s’agissait de savoir sur qui retomberait la perte, sur les ministres qui avaient prêté sans garantie ou sur la masse des créanciers, les droits de l’état ne pouvant souffrir en vue de la loi qui les garantit. Le Prince nomme Grégoire Gradisteano pour enregistrer les papiers de Mosko au mépris des droits des créanciers et ne leur laisse exercer le droit de nommer un syndicat prescrit par la loi qu’après que le Prince a retiré tous les papiers qui avaient rapport à ses relations d’argent avec la maison Mosko. Les créanciers nomment pour syndics le colonel Campineano et Pana Bouesco.

Dans le courant du mois de - le postelnic Constantin Cantacuzène lit à l’Assemblée un ordre de St. Petersbourg qui adjoigne au Prince de payer la somme de 400.000 piastres à Mr. Alexandre Philippesco, somme dépensée par ce boyard pendant la révolution de 1821 pour l’entretien de la troupe d’Ypsilantés; la discussion s’engage, le payement de la somme est rejeté par l’Assemblée; aussitôt le Postelnic lit un office du Prince, qu’il tenait en poche, par lequel il ordonne la suspension de l’Assemblée pour un temps indéfini.

Au milieu des circonstances que nous avons rapportées le prince Ghica profitant de la mauvaise disposition du ministère russe à l’égard de l’Assemblée valaque, avait adressé une note au comte Nesselrode terminant par cette phrase:

„Le Ministère Impérial peut trancher la question sans qu’il ait besoin de venir remettre de nouveau en question les principes fonda­mentaux des réformes et de changer les dispositions règlementaires définitivement confirmées par les Cours protectrices et suzeraines. Il ne s’agit point ici ni de changer rien au Règlement, ni d’innover dans les principes des réformes. C’est une pure question d’interprétation et de tendance. On dira aux pouvoirs qui forment le gouvernement de Valachie: „Vous entendrez de telle ou telle manière le Règlement Organique et vous marcherez désormais ainsi.

Cette manière de voir les choses avait été approuvée à St. Petersbourg et le Prince était en possession d’un firman de la Porte qui l’autorisait de suspendre l’Assemblée *.

Les consuls de France et d’Angleterre, tenus au courant de tout ce qui se passait entre le Prince et l’Assemblée, entre le pays et la Russie, donnaient raison aux députes. Le marquis de Château Giron, le consul général de France, avait amené le pavillon quelque temps auparavant à la suite de l’affaire Marsille. Ce Français était depuis longtemps accusé par le docteur Tavernier d’exercer la médecine muni d’un faux diplôme. Le Consulat n’a fait rien d’abord, mais le dr. Tavernier persista et finit par ses démarches auprès de la Faculté de Médecine de Paris d’écrire au Consulat de Bucarest une lettre par laquelle le Ministre des Affaires Étrangères ordonnait l’arrestation de Marsille. Celui-ci marié à une Valaque et décoré de la Croix de S-te Anne de Russie, intéresse à cette affaire et le consulat de Russie et le Prince et la plupart des boyards. Le gouvernement valaque le défend. De là, rupture. L’affaire est portée à Constantinople, discutée entre la Mission de France et la Porte. Le Consulat est obligé de renoncer à son sujet qui est considéré comme Valaque et le Prince, pour avoir fait employer la force contre le lassakschi du Consulat, entre les mains duquel se trouvait Marsille, est obligé d’aller faire une visite à Mr de Château Giron et lui témoigner ses regrets.

Aucune des lois votées par l’Assemblée n’a eu le résultat qu’on était en droit d’en attendre. Les esclaves de l’État affranchis ont été distribués sans aucun discernement aux favoris du gouvernement pour être établis comme clacasches sur leurs terres. Le gouvernement n’a aucune sollicitude pour leur établissement, point que la mortalité devient très grande parmi eux et un grand nombre périt par le typhus.

La loi pour l’instruction primaire des villages devient une source d’abus crieurs. La construction des écoles et des maisons communales offre aux administrateurs un moyen de rançonner les paysans qui sont obligés de se cotiser et d’offrir des sommes considérables pour obtenir des zapis.

*Cette piece a été donnée a Démetre Philippesco par Stefan Golesco, alors aide de camp et copiste du Prince Ghica . Elle a été la cause de son éloignement. Stefan Golesco a été placé dans un Divan comme juge, et remplacé dans la Chancellerie du Prince par Cabrouga,  un Espagnol caligraphe, secrétaire du Baron Ruckman. La question de ses terres, le Prince l’a confiée a un Bessarabien nommé Dabija et a un Grec nommé Pandravo [I. Ghica].

Cornelia Bodea, Faţa secretă a mişcării prepaşoptiste române – Unitatea naţională, Editura Academiei române şi Editura Nestor, Bucureşti, 2004, pp. 225-279

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